Doug Bonderud

L’avenir de l’intelligence artificielle (IA) est rempli d’imprévisibilité. La technologie est axée sur le développement de systèmes informatiques qui traitent des tâches de résolution de problèmes d’une façon qui imite la cognition humaine, et ses capacités s’étendent davantage chaque jour. Bien que certains voient l’IA en milieu de travail comme un outil pratique qui aidera les humains à œuvrer plus intelligemment et plus rapidement, d’autres sont sûrs qu’elle les remplacera.

À mesure que l’IA en évolution rencontre des compétences humaines établies, les dirigeants d’entreprise en ressentent l’impact. Pourtant, il est difficile de prédire précisément la portée et l’échelle de ces répercussions sur le milieu de travail.

ADP a récemment tenu le sommet virtuel Insights in Action qui soulève cette question et fait ressortir d’autres aspects concernant les données et l’IA pour les entreprises. Dans son exposé intitulé « Predicting an Unpredictable Workplace » (prévoir un milieu de travail imprévisible), Eric Brynjolfsson, professeur au Stanford Institute for Human-Centred AI, discute de la façon dont l’IA annonce indéniablement le deuxième âge de la machine et de ce que l’intégration de l’IA peut signifier pour les entreprises.

Une technologie qui change le cours de l’histoire

Lors de soupers entre amis, Eric Brynjolfsson adore demander à chaque personne présente quel événement, selon elle, a façonné le cours de l’histoire humaine. « J’entends parler de batailles, de rois et de fléaux, déclare-t-il. Mais, pour ma part, tout revient à la technologie. »

Il souligne la valeur marchande moyenne des biens produits, soit le produit intérieur brut (PIB), au fil du temps pour illustrer son propos. Pendant des centaines d’années avant la révolution industrielle, le PIB s’est accru lentement, mais ce n’était pas suffisant pour que la population en général ne fasse plus que survivre.

Puis, avec la création du moteur à vapeur, le PIB est monté en flèche. La technologie a entraîné des changements d’envergure dans la façon dont les humains fonctionnent, car les moteurs à vapeur ont contribué au transport de tout, des gens, des animaux et des marchandises, partout où l’on construisait des chemins de fer. Ce n’était pas la première invention qui a aidé à simplifier les procédés industriels, mais elle a changé la donne, car elle pouvait simplifier tout procédé industriel. Selon le professeur Brynjolfsson, cet aspect a fait des moteurs à vapeur la première technologie d’application générale (TAG).

L’IA est positionnée pour être une TAG influente

Eric Brynjolfsson émet l’hypothèse selon laquelle l’IA satisfait ces trois critères nécessaires pour devenir une TAG de changement de culture :

Elle est moderne

L’intelligence artificielle offre des capacités comme la classification, l’étiquetage, la perception, la prédiction et le diagnostic. Selon une étude de 2017 menée par Byrnjolfsson, Rock et Syverson, ces fonctions se trouvent au « cœur d’un vaste ensemble de tâches, de professions et d’industries ».

Elle s’améliore

Les algorithmes d’apprentissage machine alimentent les outils d’IA et sont une séquence d’étapes de résolution de problèmes. Ces algorithmes contribuent à l’amélioration de l’IA au fil de temps, car à mesure que cette dernière ingère et analyse davantage de données, les résultats deviennent plus précis et fiables.

Elle est novatrice

Les technologies d’application générale doivent aussi favoriser l’innovation. Dans le cas de l’IA, la perception et la cognition sont deux secteurs à innovation continue. La perception comprend des applications comme la reconnaissance vocale et visuelle, tandis que la cognition concerne la résolution de problèmes avancée.

L’esprit avant les muscles : le deuxième âge de la machine

Le premier âge de la machine a remplacé les muscles humains par de la machinerie. Des moteurs à vapeur aux chaînes de montage en passant par la puissance électrique, la machinerie a permis d’améliorer la productivité tout en réduisant la quantité d’efforts humains requis. Pour Eric Brynjolfsson, l’IA représente le début du deuxième âge de la machine, où les outils servent à augmenter l’esprit humain.

Ce virage est devenu nécessaire depuis quelques années grâce à l’ampleur du volume de données générées par les technologies et les outils numériques. Même le personnel humain le mieux formé ne peut pas faire face à la vitesse et à la variété de ces données. De plus, étant donné la nature de l’intelligence humaine, les employés ne sont tout simplement pas faits pour des emplois répétitifs et axés sur les détails, et qui ne requièrent aucune erreur.

Cependant, de son côté, l’IA est parfaitement adaptée pour ces tâches. On peut entraîner des modèles informatiques à collecter, organiser et corréler des données, et plus ces derniers ingèrent de données, plus ils deviennent précis. Ainsi, les humains peuvent s’occuper de la vue d’ensemble, tandis que l’IA s’attarde aux détails.

En pratique, l’IA est déjà en train d’être appliquée dans les entreprises sous forme de robots conversationnels qui permettent un libre-service pour les clients et représentent des outils de traitement de langage naturel pouvant comprendre les requêtes des employés dans un langage simple et y répondre de manière appropriée.

Quelle est la place de l’IA dans le nouveau milieu de travail?

Pour les entreprises, il ne suffit pas de savoir que l’IA fonctionne. Elles veulent savoir comment l’IA peut profiter au milieu de travail.

Et c’est là que les choses deviennent imprévisibles. D’un côté, l’IA offre la promesse d’une analyse de données plus rapide que ce que ferait le personnel humain. De l’autre, elle crée de l’inquiétude par rapport au remplacement du personnel humain.

Selon Eric Brynjolfsson, bien que l’IA s’améliore de jour en jour, elle ne pourra pas se substituer à l’humain de sitôt. En appui à cette déclaration, il souligne le fait que certains experts avaient prédit que l’IA dépasserait rapidement les radiologistes humains en raison de sa nature précise et répétitive. Mais il s’avère qu’elle a du mal avec certains aspects de la tâche, surtout en ce qui concerne les interactions avec les patients. Des études ont montré que la même tendance se retrouve aussi parmi plusieurs autres tâches. Eric Brynjolfsson conclut donc que l’IA complémentera l’effort humain, et ne le remplacera pas.

En d’autres mots, le rôle de l’IA en milieu de travail n’est pas gravé dans le marbre. Tout comme les attentes des employés et les exigences des employeurs évoluent au fil du temps, il en est de même pour les applications de l’IA.

Cependant, ce que l’on peut assurément dire, c’est que l’IA se prête bien à la nouvelle itération de technologie d’application générale. Donc, bien qu’il soit impossible de prédire des cas d’utilisation précis d’IA pour les années à venir, il n’y a aucun doute que l’IA changera l’avenir du travail.

L’exposé d’Eric Brynjolfsson lors du sommet virtuel Insights in Action et les panels d’autres experts sur le rôle de l’IA dans le milieu de travail de l’avenir sont accessibles sur demande.

Cet article est paru à l’origine dans SPARK parrainé par ADP.

Article précédentIntégration des nouveaux employés : monter la barre d’un cran
Article suivant10 conseils pour vous aider à fidéliser vos meilleurs employés