Par Graham Templeton

Le désir des travailleurs européens d’avoir une semaine de quatre jours est attribuable à de nombreux facteurs, notamment l’équilibre travail-famille et les heures supplémentaires non rémunérées.

L’été pendant toute l’année, du Kool-Aid qui jaillit des fontaines d’eau et une fin de semaine qui dure toujours trois jours − peut-être vous souvenez-vous de ces rêves de jeunesse et peut-être avez-vous réalisé que vous y rêvez encore. Toutefois, puisque la productivité a augmenté au cours des dernières décennies, la possibilité d’avoir une semaine de quatre jours est devenue plus réaliste.

Selon une nouvelle recherche d’ADP, le soutien de cette idée a atteint un point de bascule au sein de l’Union européenne, où la majorité des travailleurs indiquent maintenant qu’ils appuient l’idée en tant qu’objectif national. Il s’agit d’une constatation importante du rapport The Workforce View in Europe 2019 d’ADP, qui révèle que non seulement les travailleurs de l’Union européenne veulent des semaines de travail plus courtes, mais que leurs semaines actuelles sont trop longues.

« Il y a un déséquilibre dans ce que les travailleurs et les employeurs perçoivent comme favorable à la productivité », indique Don McGuire, président des Services aux employeurs à l’échelle internationale chez ADP. « Les données révèlent que cet écart s’élargit. »

La semaine de travail de quatre jours est populaire (lorsque la paie demeure la même)

Lorsqu’on leur demande s’ils souhaitent avoir une semaine de travail de quatre jours, 56 % des répondants du sondage ont répondu par l’affirmative. Il est peut-être encore plus étonnant de constater que 78 % des répondants ont indiqué qu’ils aimeraient faire quatre jours de travail plus longs pour le même salaire.

Les résultats sont ventilés par âge; et c’est d’ailleurs le groupe d’âge moyen qui appuie le plus l’horaire de quatre jours.

« Ces travailleurs ont tendance à avoir plus d’aspects à concilier dans la vie », indique M. McGuire. « Du stress vécu par les jeunes familles aux obligations à l’égard des parents vieillissants, c’est la période de la vie où les travailleurs semblent avoir besoin de quelques heures de plus dans une journée. »

Toutefois, les données révèlent également que la plupart des travailleurs européens font face à un autre enjeu pressant : 60 % des répondants du sondage d’ADP ont indiqué qu’ils font régulièrement des heures supplémentaires non payées, ce qui fait en sorte qu’une semaine de travail de cinq jours se transforme en une semaine de cinq jours prolongés. Pourquoi les travailleurs devraient-ils composer avec cela indéfiniment?

Surmener régulièrement les employés, c’est comme les sous-payer régulièrement

Nous devons tous faire des sacrifices, et les employés savent que la santé à long terme de leur organisation se traduit normalement par la santé à long terme de leur emploi. De nombreux employés au sein de l’Union européenne estiment que leurs heures sont plus longues que leur salaire ne le laisse paraître, et ADP estime que l’écart représente en moyenne 4 heures et 47 minutes supplémentaires par semaine. Les employeurs doivent s’attendre à ce que les employés réagissent à cette situation en adoptant une attitude changeante.

« Nous constatons de plus en plus que les entreprises obtiennent de leurs employés ce qu’elles investissent en eux. Les employés qui sentent que du temps leur est pris inutilement sont plus enclins à s’autoriser eux-mêmes à récupérer ce qu’ils estiment perdre en étant moins efficaces au bout du compte. »

− Don McGuire, président, Services aux employeurs à l’échelle internationale chez ADP

Souvent, les RH peuvent trouver des façons de réduire cet excès continu d’heures en contribuant à réduire le manque d’efficacité, au lieu d’augmenter leur nombre d’employés. Les employés non satisfaits sont susceptibles d’apporter moins de valeur pour toutes les heures qu’ils effectuent; c’est pourquoi les RH doivent déterminer, lorsque possible, s’il est possible d’éliminer des temps d’arrêt afin de préconiser des heures plus productives dans l’horaire de travail des employés salariés réguliers.

Les employés insatisfaits sont généralement plus à risque de partir, et le temps et les coûts associés à la formation de leurs remplaçants peuvent facilement dépasser les économies réalisées par rapport à leur salaire de base.

Un plus grand nombre d’heures n’entraîne pas une hausse de productivité

La même étude a démontré que même si les employés européens font régulièrement plus d’heures durant la semaine, ils ne sont pas nécessairement plus productifs. Bien que la productivité s’est améliorée au fil du temps, au cours des dernières années, la productivité chez les employés européens a stagné, même s’ils continuent d’investir de longues heures, en partie non rémunérées.

Il va de soi que pendant que les employés deviennent plus fatigués pendant le jour (et la semaine), leur concentration et leur efficacité peuvent diminuer en conséquence.

« Nous constatons de plus en plus que les entreprises obtiennent de leurs employés ce qu’elles investissent en eux », indique M. McGuire. « Les employés qui sentent que du temps leur est pris inutilement sont plus enclins à s’autoriser eux-mêmes à récupérer ce qu’ils estiment perdre en étant moins efficaces au bout du compte. »

Les RH doivent intervenir pour soutenir les employés qui estiment qu’on leur vole du temps, sinon leur organisation pourrait connaître une baisse de productivité et un plus grand taux de roulement de personnel. Une semaine de quatre jours n’est pas nécessairement la seule issue, mais les employés de l’Union européenne se demandent de plus en plus si cette solution pourrait leur convenir. En même temps, les employeurs évaluent s’ils pourraient adopter une telle solution sans entraîner une baisse de résultats.

Que l’Europe connaisse ou non un changement dans la longueur des semaines de travail, l’appui démontré à l’égard d’un tel changement fait montre de l’insatisfaction des employés par rapport à l’état actuel des choses. Il est possible que les organisations qui répondent à cette insatisfaction constatent que leurs employés démontrent une plus grande productivité et un taux de roulement de personnel moins élevé par rapport à leurs compétiteurs.

En bénéficiant de ces avantages, ils pourraient même trouver que les vendredis ne sont pas aussi indispensables.

Cet article est paru à l’origine dans SPARK Parraîné par ADP.

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